Ce matin en me levant j'ai lu cet article tellement parlant pour moi ....
Le mot qui ne passe pas .... Aujourd'hui, je vais revenir sur un mot. Mais contrairement à ce que vous pouvez croire : je ne vous dirais pas, dans les minutes qui viennent, le mot dont il s’agit. Vous trouvez peut-être ça bizarre, mais en fait, il n’est pas utile de le connaître. Car ce mot, ce n’est pas que le mien, chacun en a un. Il n’a rien de remarquable, ce n’est pas forcément une insulte, et pour sûr, ce n’est pas un compliment. Il peut être prononcé par votre mère, votre frère, votre partenaire, un ami, un supérieur, votre fils ou un inconnu dans la rue. Il est souvent dit de manière incidente, au détour d’une phrase, mais vous ne savez pas pourquoi, ce mot là, eh bien, il ne passe pas. Ce mot, oui, c’est ce mot que vous ne digérez pas. Appelons-le : le-mot-qui-ne-passe-pas. Vous avez beau tenter de le relativiser, de le comprendre, de le recontextualiser, vous allez même voir dans le dictionnaire, il reste là, dans votre tête, entêtant comme un tube des années 80. Sauf qu’il n’est pas simplement agaçant mais dérangeant, inquiétant, aliénant. Et vous voilà à vous demander : mais pourquoi, pourquoi on m’a dit ça ? Au-delà du langageJ’imagine que c’est à cause de ce genre de mots qui ne passent pas qu’on va voir un psy. Mais quitte à remâcher avant de voir le sien, autant tenter de comprendre ce mot. Déjà, 1ère chose, comme dit ci-dessus : ce mot-qui-ne-passe-pas ne tient ni à celui qui l’a prononcé ni au contexte. Ça peut venir de quelqu’un de proche ou pas, qui compte ou pas, ça peut être dit dans un rendez-vous professionnel ou dans un ascenseur, ça ne change rien. De là, cette 2ème chose : si ce mot là a été prononcé dans une certaine intention qui vous vise clairement, celle-ci n’est pourtant pas forcément de vous blesser. Même si, au final, il ne reste que ça. Et enfin, 3ème chose, et là, ça devient vraiment intéressant : contrairement à beaucoup de mots, ce mot n’a rien à voir avec sa définition. On se le dit, on le répète, on le visualise, mais à force de le ressasser, c’est comme s’il perdait son propre sens, et ne restait de lui que son signifiant. Paradoxalement, ce mot a beau être un mot, il n’a donc plus rien à voir avec tout ce qui relève du langage, de nos usages et de significations habituels. C’est comme s’il flottait dans l’air de nos névroses, indépendant du reste et qu’il ne restait de lui que ses effets néfastes sur nous. Projection ratéeEn fait, je crois qu’une bonne manière de saisir ce type de mot qui dépasse paradoxalement le langage, c’est de le comparer à un plat mal digéré. Car oui, ce mot est comme un plat raté au-delà de tout art culinaire : pas délibérément mauvais, il laisse pourtant un seul goût, le goût du dégoût. Mais que faire quand on a le dégoût d’un mot une fois qu'il a été ingéré ? S’il y a bien un remède pour une indigestion (et qui s’appelle Citrate de Bétaïne), que reste-t-il à faire de ce mot qui lui ne se digère pas, et même avec le temps ? Dans un de ses essais rassemblés sous le titre français de Dire et vouloir dire, le philosophe américain Stanley Cavell, penseur du langage ordinaire dit ceci : “Nous apprenons et nous enseignons des mots dans certains contextes, et on attend alors de nous (et nous attendons des autres) que nous puissions les projeter dans d’autres contextes. Mais rien ne nous assure que cette projection aura lieu”. Mais j’ajoute que rien ne nous assure non plus que cette projection aura lieu, mais pas dans le bon contexte. Car c’est bien le problème avec ce mot-qui-ne-passe-pas : à l’inverse de tout ce qu’on se dit, il semble projeté dans le contexte individuel et non partagé de notre tête, et loin de tisser un lien entre nous et les autres, il paraît nous renvoyer à nous seul. Non, ce mot ne passe pas, et comble, c'est souvent la preuve que le message, lui, est bien passé. À retrouver dans l'émission CARNET DE PHILO par Géraldine Mosna-Savoye sur France Culture l’art du Kintsugi est une référence depuis des années pour moi, d'ailleurs sur mon profil est montré derrière ma photo une porcelaine traité par cette technique.
Voici un article très intéressant ... Et si l’échec était un préalable à une meilleure appréciation et gestion de la réussite ? Telle est la question centrale que j’aimerais que nous explorions. Pourquoi ? Parce qu’il existe toujours, des parents, éducateurs, employeurs etc. qui considèrent l’échec comme un démon à éviter à tout prix. Il suffit de voir l’expression de déception d’un parent lorsque son enfant, déjà assez courageux, lui retourne un carnet scolaire trimestriel négatif. Il suffit de voir l’expression de dédain d’un enseignant lorsque l’élève donne une mauvaise réponse à une question ou alors d’observer les railleries des camarades de classe lorsque l’un d’eux obtient la pire note en mathématique. Il suffit d’observer les silences éloquents des collègues de travail en entreprise lorsque l’un d’eux n’a pas atteint les indicateurs clés de performance. Bref, la société contemporaine, dans toutes les sphères de la vie, du politique au religieux en passant par l’éducatif, est de plus en plus perfectionniste[1]. Je sais que ce constat n’est point un scoop pour vous, vous l’aurez certainement deviné d’ailleurs. Mais bien que des études[2] aient démontré la valeur des échecs dans la construction identitaire, bien qu’il existe de nombreux récits inspirants de leaders mondiaux qui n’ont réussi qu’après plusieurs échecs, bien que la majorité des milliardaires contemporains n’étaient point les plus brillants à l’école etc., il existe toujours, ancrée au plus profond de nous, une peur viscérale de l’échec et une soif avide de la réussite. Or le problème avec l’échec, n’est pas l’échec en lui-même, mais sa crainte et la pression sociale. Beaucoup sont conscients de ce que l’échec est formateur et constitue une partie intégrante de la réussite[3], mais dans la pratique, on censure rapidement et tolère peu l’échec. Quand nous stigmatisons l’échec, quand nous critiquons ceux qui échouent avec le fameux « je te l’avais dit », nous condamnons en fait ceux qui ont osé surmonter leurs peurs et vivent, parfois, plus pleinement. À partir de l’art du Kintsugi, une philosophie asiatique, j’aimerais nous amener à pouvoir mieux embrasser nos craintes, nos peurs pour découvrir le génie sommeillant en nous et développer une approche saine de la compétition. Commençons par le commencement en explorant ce qu’est le Kintsugi et comment cela peut influencer nos approches pédagogiques ainsi que notre philosophie de la vie. C’est quoi le Kintsugi ? C’est un art japonais ancien qui, aide les gens non seulement à accepter leur propre fragilité et leurs imperfections, mais aussi à les célébrer. Cet art tire son origine du XVe siècle, lorsqu'un jeune homme du nom d'Ashikaga Yoshimasa a accidentellement brisé l'un de ses bols préférés. Plutôt que de le jeter, il l'a envoyé en réparation. Mais lorsqu'il le lui a été rendu, il avait d'affreuses agrafes métalliques le long des fissures, pour maintenir le tout ensemble. Étant donné que ce bol était culturellement précieux pour Yoshimasa, il demanda aux meilleurs artisans de le reconstituer. C'est ainsi qu'est né l'art du kintsugi, qui signifie "jointure en or". Il s'agit de la pratique consistant à réparer des céramiques avec de la résine de laque et de l'or en poudre. Pourquoi l’art du Kintsugi est encore utile aujourd’hui ? Il est naturel ou ‘commun’ pour certains d’avoir honte de leur passé, surtout lorsqu’il fut ‘turbulent’. Il existe des millions de personnes prisonniers de la dépression, du stress, de l’angoisse et beaucoup d’autres troubles psychologiques tout simplement parce qu’ils essayent de voiler une imperfection ou ont de la peine à vivre avec leurs défauts[4]. Les réseaux sociaux accentuent cela, en permettant de créer une identité numérique, permettant de créer des profils virtuels parfaits et de projeter des styles de vie détachés de la réalité. Or, au lieu de couvrir les fissures et les imperfections, le kintsugi nous invite à les mettre en exergue en reconnaissant qu’elles font partie de l'histoire d'une pièce de poterie, la rendant unique. En tant que pédagogue, vous pouvez utiliser cette philosophie pour aider vos élèves perfectionnistes ou toute personne qui éprouve de la honte à cause de ses défauts. Pratiquer le Kintsugi c’est être moins idéaliste et perfectionniste pour devenir plus réaliste Assumer ses échecs sans en avoir honte, c’est démontrer du courage, de la responsabilité et de la maturité. La réussite continue nous expose parfois à l’arrogance et à la suffisance. Or l’on est souvent plus humble, sage et résilient lorsqu’on réussit après un/des échecs. Ne jamais échouer peut même être dangereux car le choc émotionnel sera plus grand lorsque cela survient. Il y a plus de sagesse dans l'échec que dans le succès. Jules Renard a dit « le succès est un mauvais professeur. Il pousse les gens intelligents à croire qu’ils sont infaillibles». Tous les entrepreneurs qui vous inspirent ont échoué, tous sans exception. Dans les cultures américaines ou japonaises, l’échec est un rite obligatoire pour réussir. On y célèbre les entrepreneurs, enseignants et étudiants ayant échoué puis réussi à surmonter ces échecs. Par contre, dans la culture francophone et dans quelques pays africains, les échecs sont stigmatisés. On s'y illusionne en voulant stopper l’échec à tout prix, au lieu de plutôt se préparer mentalement à envisager cette possibilité. La véritable confiance en soi n’est pas celle qui exclut l’échec mais celle qui est prête à l’affronter si cela se présente. Et peut-être le plus important, le kintsugi implique de permettre aux imperfections et aux cicatrices d'être vues. Non pas seulement d’être visibles mais mises en relief avec de la poudre d’or. De la même manière, on ne peut fuir ses craintes ou son passé, aussi répugnant soit-il. Il faut le confronter, le conquérir et vivre dignement avec. Car les erreurs sont également un canal d’acquisition de sagesse par l’expérience, surtout lorsqu’on prend un temps de réflexion et d’observation après l’action. 5 étapes pour transformer ses échecs en forces Apprécier l’échec à sa juste valeur. Il ne faudrait point exagérément critiquer, condamner ou crucifier les entrepreneurs, élèves ou enseignants lorsqu’ils font des erreurs ou exposent leurs faiblesses. L’erreur est humaine et l’échec est parfois le meilleur enseignant pour certains. Affronter l’échec. Il ne s’agit point de faire ‘intentionnellement’ des erreurs – cela relèverait de la bêtise – mais envisager la possibilité d’échouer, sans pour autant considérer cela comme étant un verdict final. La souffrance est une école de sagesse, un test de l’intensité de notre motivation et de nos convictions. Avancer après l’échec. Échouer n’est pas terrible, du moment qu’on apprend la leçon et ne reproduit plus la même erreur. Une faible crainte de l’échec entraine plus de prise de risques, de créativité et d’innovation. L’observation de principes de vie et certaines disciplines quotidiennes rendent la réussite hautement prévisible alors que l’échec, demeura toujours aléatoire. Apprendre de l’échec. Les erreurs ou échecs ne débouchent pas automatiquement sur des enseignements. Tout comme l’expérience n’est pas un synonyme de compétence ni de sagesse. C’est le temps de réflexion sur nos échecs et expériences qui peut déboucher sur des apprentissages ou leçons de vie. Aimer et célébrer l’échec. Certains recruteurs ont compris ceci, en demandant aux potentiels employés de narrer des échecs ou expériences décevantes ainsi que les leçons qu’ils en ont tiré. Mieux vaut un employé ayant échoué après avoir essayé qu’un employé ‘parfait’ n’ayant jamais gouté à l’échec, surtout dans l’industrie des finances et de la technologie ou le degré et fréquence d’innovation est élevée. Le premier sera plus proactif, entreprenant et indépendant – profil d’un leader – alors que le second sera beaucoup plus réactif, exécutant et dépendant – profil d’un manager. Enfin, se rappeler de ses échecs, erreurs, défauts et imperfections, pouvoir en parler librement, plaisanter et les célébrer est un signe de maturité émotionnelle. C’est d’ailleurs l’objectif des FailCon, conférences organisées depuis 2014 par Grenoble École de Management afin de dédramatiser l’échec, d'échanger et d'apprendre des erreurs des autres, pour mieux réussir. Enfin, je considère l’art du Kintsugi, comme un (r)appel à décomplexer l’échec, à désacraliser le perfectionnisme et à atténuer l’esprit de compétition malsaine. Un changement doit se faire en profondeur, au travers d’une remise en cause du système éducatif où on doit revoir les attitudes sociales à l’endroit des perdants et de ceux qui sont différents de nous. Au lieu de directement critiquer, il faut se mettre dans la peau de l’autre pour essayer de le comprendre et apprendre à mieux vivre ensemble. Dans un monde qui valorise si souvent la jeunesse, la perfection et l'excès, embrasser le vieux et l'usé peut sembler étrange. Mais la pratique du kintsugi, nous rappelle qu'il faut rester optimiste quand tout s'écroule et célébrer les défauts et les faux pas de la vie. Références [1] Harvey-Craig Aidan, “How the Japanese Art of Kintsugi Can Defy Perfectionism,” Tes, accessed April 21, 2021, https://www.tes.com/.../perfectionism-tackle-failure... [2] Jean-Claude FORQUIN, “L’approche Sociologique de La Réussite et de l’échec Scolaires. Inégalités de Réussite Scolaire et Appartenance Sociale (II),” Revue Française de Pédagogie, no. 60 (1982): 51–70. [3] France Inter, “Pourquoi l’échec peut-il nous aider à mieux réussir dans la vie ?,” December 5, 2019, https://www.franceinter.fr/.../pourquoi-l-echec-peut-il... [4] Candice Kumai, dans son nouveau livre, Kintsugi Wellness : The Japanese Art of Nourishing Mind, Body, and Spirit, présente les vertus thérapeutiques du Kintsugi. Découvrir davantage ici : https://www.nbcnews.com/.../how-japanese-art-technique... Kintsugi - L'art de la résilience - Céline Santini - Caroline Donadieu (Illustrateur), Myriam Greff (Photographe) - Traduit en 10 langues. https://www.decitre.fr/livres/kintsugi-9782412036204.html... DECITRE.FR Kintsugi. L'art de la résilience - Céline Santini Réparer ses blessures - apprendre la résilience - la métaphore de l'art japonais de la réparation des céramique grâce à la soudure d'or. Le kintsugi, qui signifie littéralement "jointure en or", est un art japonais ancestral qui invite à réparer un objet cassé en soulignant ses cicatrices... |
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