Selon Michaël Foessel, « le bon consolateur est d’abord celui qui est capable de réorienter doucement le regard de l’affligé ». Sa proposition pour y parvenir : recourir à la métaphore.
Pourquoi ? Parce que cette figure de style (qui consiste à désigner un terme par un autre) permet justement d’inviter à entrevoir les choses autrement via la parole. Celle-ci constitue donc l’élément central de la « grammaire de la consolation ». Ainsi, dès l’Antiquité, on énonce que savoir consoler, c’est parvenir à laisser entendre que, malgré tout, la vie peut être supportable… Mais, concrètement, comment s’y prendre pour devenir poète ? « L’idée est d’essayer de produire des images ou de se servir des grands mythes qui ne sont rien d’autre que des récits consolateurs, suggère le philosophe. Qu’il s’agisse de la perte d’un amour ou d’un être proche, d’une annonce de maladie ou d’une expérience professionnelle qui prend fin, on peut ainsi évoquer un livre qui se referme, un voyage qui s’achève, un album souvenir que personne ne pourra dérober… » Autre exemple : « À un parent âgé qui pleure à l’idée de la mort, on peut formuler que, finalement, “la vieillesse est comme le soir de la vie”. Cette comparaison un peu inattendue permet, en effet, de ne pas nier la difficulté, mais aussi d’inviter à regarder la réalité de manière un peu moins tourmentée. » N’est-ce pas ce que l’on fait spontanément lorsque nous voyons un enfant tomber, afin qu’il ne pense plus à sa douleur ? « Dis donc, quelle cascade, champion ! » Et les larmes se tarissent. Mais attention, pour qu’une métaphore soit opérante, il convient qu’elle reste mesurée. Car, s’il s’agit de « réinjecter » du possible et de « redécrire » l’histoire (selon l’expression du philosophe Paul Ricoeur) pour apaiser, pas question d’inventer une fiction. Consoler, c’est admettre la fragilité de l’autre, mais aussi savoir se mettre à sa place, c’est-à-dire être en mesure d’accorder une légitimité à sa souffrance. « Même si l’on cherche parfois à se convaincre que “faire comme s’il ne s’était rien passé” est le meilleur service à rendre, il ne faut pas se leurrer : la douleur se soigne toujours mieux par un mot ou un geste métaphorique que par des injonctions au deuil », remarque encore ce professeur de philosophie à l’École polytechnique. Épauler, serait-ce donc d’abord respecter ? Assurément. Et les mots d’Albert Camus(dans Carnets Gallimard, “Folio”) peuvent nous y aider : « La consolation de ce monde, c’est qu’il n’y a pas de souffrances continues, disait-il. Une douleur disparaît, une joie apparaît. » extrait d'un article de Stéphanie Torres
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