Comment se défendre contre la violence du chagrin amoureux et ne pas s’emmurer dans la douleur ?
« Commencer par accepter sa souffrance est la première étape qui permet de cheminer vers la guérison, poursuit Martine Teillac. Il est dangereux pour soi de museler ses émotions. Nier n’est pas faire disparaître. Accueillir la souffrance permet de l’atténuer, alors qu’en luttant contre son ressenti, on s’inflige une violence supplémentaire. » Une fois la douleur atténuée, il est bénéfique d’essayer de lui donner un sens. Si se tourmenter avec des questionnements en forme d’autoflagellation est stérile et douloureux, essayer de prendre la mesure de sa responsabilité dans son histoire peut être profitable. « Ce n’est pas se bloquer émotionnellement un temps qui peut être préjudiciable, explique Martine Teillac. Ce qui l’est, c’est de faire la politique de l’autruche et ne pas profiter de cette période pour essayer d’y voir plus clair en soi. » Se demander pourquoi on souffre autant, pourquoi on s’est perdu dans l’autre, pourquoi la perte semble insupportable sont autant d’interrogations qui permettent d’enrayer un possible processus de destruction de soi dans des relations affectives dysfonctionnelles. Et garder à l’esprit que l’amour, lieu par excellence des émotions les plus intenses, implique nécessairement une prise de risque. « On ne peut pas se prémunir totalement contre le chagrin, précise Catherine Bensaïd. Mais il est clair que plus on travaille sur soi, plus on comprend ses mécanismes, et moins on risque de se détruire dans la relation suivante. Plus on se connaît, moins on aime la douleur. On l’accepte, mais on ne s’en repaît pas, on n’a pas envie de vivre avec. De même qu’on sait que ce n’est pas en étouffant ses émotions qu’on fera disparaître la souffrance de sa vie. » « La glace qui recouvre les émotions de ceux qui ont décidé de se protéger de l’amour est une croûte fragile, explique Boris Cyrulnik. Dessous, le volcan n’est pas loin. » On peut faire fondre cette glace, mais pas n’importe comment ni avec n’importe qui. Il importe de s’être d’abord consolidé intérieurement, d’avoir suffisamment réparé la blessure narcissique due à l’échec amoureux. Réapprendre à aimer implique que l’on ait réappris à s’aimer d’abord. Et cesser de remettre en question sa valeur est le premier pas vers la guérison. Une fois disparu cet autre qui était à la fois source de plaisir et de confiance en soi, on se retrouve seul, face à soi-même, à ses doutes, à ses peurs. « C’est dans ces moments-là qu’il est utile de se forcer à faire ce que justement l’on ne veut pas, c’est-à-dire s’occuper de soi, explique Martine Teillac. Se faire des petits cadeaux, prendre soin de son apparence, sortir, etc. Se rééduquer au plaisir permet de retrouver plus facilement le chemin qui mène à la vie. » Reste aussi à se convaincre que l’on n’a pas « donné » pour rien. « J’ai tout donné et j’ai été trahi en retour » est un sentiment fréquent. « Le chagrin est la preuve que l’on n’a pas lésiné sur le don de soi, que l’on est resté authentique et fidèle à soi-même, avance Catherine Bensaïd. La vraie question est : “Vaut-il mieux souffrir et vivre l’émotion amoureuse dans toute sa richesse et son intensité, ou se protéger et ne se nourrir que d’émotions tièdes ?” » Une fois écoulé le temps de la souffrance, de la rancœur ou de la colère, les repentis de l’amour finissent par s’avouer prêts à retenter l’aventure. « Le “je ne veux plus tomber amoureux” n’est évidemment pas à prendre au pied de la lettre, poursuit Catherine Bensaïd. Il s’agit plutôt de : “Comment faire pour ne plus tomber amoureux de quelqu’un qui va me faire souffrir.” Il faut aussi savoir que lorsqu’on a aimé, on aimera à nouveau car, heureusement, l’amour et le désir échappent à notre contrôle. »
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