Maria Montessori nait en 1870 à Chiaravalle, près d’Ancône. Elle a une dizaine d’années lorsque ses parents déménagent à Rome. Une chance pour cette fille unique curieuse et décidée, qui pourra poursuivre sa scolarité dans de bonnes conditions. Lorsqu’elle décide d’embrasser la carrière médicale, elle se révèle prête à soulever des montagnes pour parvenir à ses fins : à l’époque, l’université de médecine vient de s’ouvrir aux femmes et il est encore difficile de s’y faire accepter. « Maria Montessori est surprenante de modernité, souligne Cristina de Stefano. D’abord par ses choix de carrière, à une époque où les femmes étaient principalement mères au foyer ou enseignantes, mais aussi par son choix de ne pas se marier. » C’est auprès d’enfants défavorisés que Maria Montessori commence à s’intéresser au développement cognitif des enfants. Ses recherches s’appuient sur les travaux de Jean Itard et d'Édouard Séguin. Elle modernise leur approche au fur et à mesure qu’elle peut éprouver ses théories sur le terrain. « Les gens se sont intéressés à elle parce qu’elle a eu des résultats que l’on disait ‘miraculeux’ auprès d’enfants dont personne ne se souciait, avec ce qu’elle appelait ‘l’explosion de l'écriture et de la lecture’, rappelle Cristina de Stefano. Mais il ne faut pas oublier qu’elle n’a jamais vraiment trouvé d’institution et d’école pour la soutenir, c’est bien la preuve que son approche radicale passait difficilement. » Maria Montessori n’est en effet pas une réformatrice de l’école : elle ne propose pas de la faire évoluer mais bien de repartir de zéro. Il s’agit de repenser totalement les apprentissages et de respecter les enfants. « Cela parait impensable aujourd’hui, note la journaliste, mais à l’époque, à l’école, on tapait les enfants. C’était des objets, pas des sujets. En disant qu’il fallait les respecter, elle allait complètement à l’encontre du discours majoritaire. » Maria Montessori n’aimait pas particulièrement les enfants. Ce qui comptait pour elle, c’était de comprendre comment fonctionne leur cerveau dans les apprentissages. Son approche était scientifique, et le restera jusqu’au bout : elle observe énormément, intervient peu pour mieux laisser les enfants agir et, de là, tirer des conclusions afin de proposer le meilleur cadre possible pour favoriser l’émergence des compétences. Maria Montessori va ainsi consacrer sa vie à développer, faire connaitre et affiner sa méthode. Son besoin de tout contrôler va néanmoins lui jouer des tours. Elle qui pouvait se révéler souple pour faire évoluer sa méthode se révèle inflexible, voire intraitable, lorsqu’il s’agit de la diffuser : elle n’autorise pas le moindre écart à sa méthodologie. « Ce contrôle total qu’elle a imposé s’est retourné contre elle, par exemple aux Etats-Unis, où la méthode n'arrivera pas à s’implanter alors qu’il y avait un fort intérêt », constate la biographe. Peut-être, ajoute-t-elle, que le fait que Maria Montessori ne parlait pas anglais et aie été la seule à travailler dans son foyer complexifiait la donne : « c’est vrai qu’il y avait des gens qui cherchaient juste à s’enrichir avec sa méthode. Et surtout, elle ne s’attendait pas à avoir du succès, elle ne recherchait pas la notoriété ». Militante féministe dans sa jeunesse, Maria Montessori n’a pas changé à l’âge adulte : « elle est restée, au fond, cette militante idéaliste, analyse Cristina de Stefana. Maria Montessori voulait transformer les hommes au service de la paix. Elle a compris que cela passait par l’éducation des enfants ». En diffusant sa méthode, elle offre aux enseignantes qui la suivent une autre perspective de vie : « c’était une pensée féministe puisque cela revenait à une forme d’émancipation ; d’ailleurs beaucoup de ces jeunes femmes n’étaient pas mariées. Elles comprenaient qu’à travers leur travail auprès des enfants, elles pouvaient agir pour changer la société. C’était un projet fort ! ». La vie de Maria Montessori, ses idéaux, son caractère et son parcours, est indissociable de la méthode qu’elle a créée. Plus d’un demi-siècle après sa mort, la femme reste méconnue mais la puissance de sa pensée est intacte. De nombreuses intuitions qu’elle avait formulées quant au fonctionnement du cerveau de l’enfant ont depuis été validées par la science. S’intéresser à Maria Montessori, et non à sa pédagogie, est une manière de revenir aux fondamentaux : « en travaillant sur cette femme exceptionnelle et bien qu’étant moi-même mère, j’ai changé mon regard sur l’enfant, confie Cristina de Stefano. Un enfant n’est pas un ‘petit’, c’est un être à part entière. Il mérite qu’on lui accorde vraiment de l’attention et que l’on s’arrête pour l’observer et apprendre de lui ». Extrait d'un écrit de Claire Séjournet interview de Cristina de Stefano biographe de Maria Montessori : "La femme qui nous a appris à faire confiance aux enfants", traduction de Laura Brignon.
0 Comments
Leave a Reply. |
AuteurElisabeth BAZIN, Archives
April 2025
Categories |
Lavernerie - 350 Route de Peyrole
81310 Parisot Tarn, France |
Mobile: 06 11 98 06 16 |
elisabeth-bazin.fr , Copyright © 2019, Tout droits réservés
|