Les secrets en général et les secrets de famille sont liés à des problèmes de transmission, et de secrets sur la transmission de liens familiaux. L’être humain naît dans une famille qui lui transmet un héritage conscient et inconscient comprenant des missions, des loyautés familiales visibles ou invisibles, des loyautés de clan, culturelles, religieuses, nationales. Tout individu est imprégné, qu’il le veuille ou non, qu’il le sache ou non, de ces liens et habitus de loyautés familiales, des traumas et traumatismes , des deuils non-faits de sa famille, etc. Une empreinte se crée ainsi, de façon très précoce. Elle restera en mémoire – et en mémoire corporelle. Mais, pour que les faits et les sentiments soient réellement accessibles et compréhensibles aux descendants, il faudra non seulement une clé, mais aussi une contre-clé ; en effet, lorsque durant l’enfance, on n’a pas construit de sécurité de base, il sera souvent utile d’entreprendre ultérieurement un travail de reconstruction en psychothérapie transgénérationnelle, en psychogénéalogie clinique, sociologie clinique, voire psychanalyse, et d’y ajouter des recherches d’archives pour tout vérifier et re-vérifier. L’homme est un être d’interaction, et comme l’a découvert et nommé Moreno (1965), il baigne dans un co-conscient et un co-inconscient familial et groupal, auxquels nous pouvons adjoindre une transmission familiale transgénérationnelle inconsciente qui se manifeste au travers de ses angoisses, cauchemars, actes manqués, accidents, etc. – souvent à des dates répétitives marquantes. Comme on le sait depuis la publication posthume des travaux de recherches de Georges Herbert Mead (1934) sur le rôle, et ceux de Moreno (1934/1954), l’homme non seulement ne vit pas seul, mais il est toujours en rôle et en interaction avec d’autres. L’homme est ce qu’il est dans le regard d’autrui, tel qu’autrui le reconnaît - ou ne le reconnaît pas - comme personne, adulte, indépendant et ayant une vie propre, qu’il s’agisse d’un enfant, d’un soi-disant adulte, d’un malade, d’un handicapé, d’une personne de couleur, d’une personne âgée, d’une femme, d’un « bâtard », d’un enfant trouvé-adopté, d’un étranger de pays pauvre, d’un ancien bagnard... Il faudrait bien comprendre ce qu’implique pour le développement de chacun, le fait d’être considéré par autrui comme une personne à part entière, ou comme une non-personne. Nous avons appris grâce aux travaux de Konrad Lorenz (1989) sur les oies cendrées, que l’oisillon prend pour mère ce qui bouge devant lui quand il éclot de son œuf ; de même, le nourrisson humain s’attache à qui le nourrit et s’occupe de lui lorsqu’il sort du sein de sa mère : il y a empreinte « corpo- kinésique-visuelle » et «ancrage». Cet ancrage est une empreinte et aussi un ancrage interactif (cf. Cyrulnik, 1989 ; Lebovici, 1998 ; Ancelin Schützenberger, 1993) qui inclut toute l’histoire et l’arbre de vie parental (génosociogramme). Nous distinguons actuellement plusieurs formes de transmissions :
par Anne Ancelin Schutzenberger
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