Toutes les demandes de psychothérapie ne sont-elles pas d'une certaine manière liées au manque de confiance?
Christophe MASSIN: - Oui, dans la mesure où l'on retrouve une peur sous-jacente dans la grande majorité des problématiques évoquées, et cela sous trois grands aspects: manque de confiance en soi, ou dans les autres, ou dans la vie. C'est l'empêchement dans l'une de ces dimensions, ou dans les trois ensemble, qui fait habituellement ressentir la nécessité d'une psychothérapie. On entend beaucoup parler aujourd'hui de la confiance en soi. Celle-ci est-elle déterminante? Elle constitue en effet un socle. Elle est reliée à notre «sécurité de base», dont John Bowlby a montré qu'elle tient à la qualité du lien d'attachement créé dans l'enfance avec nos parents. Cette sécurité affective première est fondamentale pour la confiance en soi. On l'observe dans des circonstances difficiles: les enfants auxquels les parents ont apporté de l'attention et des soins appropriés, un amour sans jugement, créant ainsi un lien «sécure», trouvent plus facilement des ressources en eux pour affronter les stress de la vie, et même les pires. Mais cette confiance héritée de l'enfance ne peut-elle être ébranlée? Bien que notre tendance de fond soit durable, des chocs et des déceptions peuvent entamer ou briser cette confiance. Inversement, une réussite, une relation amoureuse épanouissante, un transfert positif développé avec un psychothérapeute peuvent permettre à une personne de restaurer sa confiance. Comme notre mémoire retient durablement les expériences négatives, il faut une certaine somme de positif pour contrebalancer les effets délétères de la peur. Reste cependant cette «confiance absolue» que vous définissez dans votre livre. Quelle est-elle et que faut-il pour la construire? Oui, j'ai voulu aborder ce thème de la confiance «tout court» qui ne dépend pas de l'extérieur. Pas la confiance naïve qui fait dire «tout ira bien», mais la confiance lucide qui sait que dans toute situation il y aura une part de difficultés à traverser. Cette confiance-là se nourrit d'une acceptation totale de la réalité telle qu'elle est… Lorsqu'on vit cette adhésion inconditionnelle à ce qu'est la vie, il devient possible de faire le saut dans la confiance absolue. Quelles sont-elles? Il s'agit déjà de reconnaître notre propre vulnérabilité, inhérente à la condition humaine… Et admettre humblement cette vérité engendre une base de confiance. Car si nous sommes vulnérables, nous sous-estimons aussi les ressources dont nous disposons! Cette confiance n'a rien à voir avec le «même pas peur» clamé haut et fort. Il s'agit d'une capacité à entrer «en amitié» avec sa peur… Ce qui permet de mettre en cause la tyrannie qu'elle exerce sur notre vie et de découvrir ce qui est indestructible en nous. C'est seulement en accomplissant ce chemin exigeant qu'on pourra accéder à un état de confiance absolue. Comment se manifeste celui-ci? Je dirais d'abord par la joie. Ceux qui l'expérimentent font preuve d'une grande ouverture aux autres car les barrières érigées par la peur sont tombées. Rien à voir avec la confiance narcissique, celle de l'ego, qui est arrogante, mais peut-être balayée au premier coup fâcheux! Ceux qui sont habités par la confiance absolue manifestent une grande énergie et parviennent à faire aboutir des projets qui semblent irréalisables… Rien d'irréaliste chez eux, bien au contraire. Ils connaissent les limites de l'être humain mais aussi cette possibilité de les transcender et de se connecter à une force d'amour où la peur n'a plus de place. Extrait d'un article du Figaro Santé écrit par Pascale Senk interviewant Dr Christophe Massin psychiatre et psychothérapeute. Parler de la famille suppose de parler d’un objet si « familier », si commun à tous. Cette dimension « familière » – puisque cet adjectif vient du mot famille (en latin familia) – nous prévient aussi que nous allons parler de quelque chose d’intime, qui appartient à notre vie privée, peut-être à notre vie secrète qu’il ne faut pas mettre sur la place publique. La famille est ainsi : publique dans certaines de ses fonctions, privée et secrète dans d’autres. D’emblée écartelée ou, si on le voit positivement, faisant pont entre ces espaces du dedans et du dehors. Ne nous cachons pas le fait que, lorsque nous parlons de famille en général, c’est aussi de la nôtre que nous parlons : la nôtre, la famille où nous avons grandi mais aussi celle que nous aurions aimé avoir et celle que nous regrettons d’avoir subi. Imaginaire et réalité risquent de se mélanger dans cette comparaison consciente ou inconsciente – qui entraîne projections et regrets – entre notre famille réelle et la famille idéale ! En rêve, qui n’a imaginé être l’enfant (abandonné ou volé) d’autres parents ? Première définition évidente : une famille c’est l’ensemble uni que forment les parents et leur enfant. Première définition, premiers problèmes avec ce « Papamamanenfant ». Il faut l’écrire en un mot pour montrer que cela fait un paquet bien serré et bien attaché ! Ensuite, il faudra en détacher les éléments au risque de produire des éléments nouveaux imprévus selon comment on découpe, comme dans l’équation amusante : Famille = le papam + la mamanen + le nenfant ! parfois les « zenfants ». La difficulté sera de savoir où passent les séparations. Pourquoi ? Parce que cet ensemble familial paraît donné d’un coup. On est simultanément parent et enfant. Le parent produit l’enfant, l’enfant produit le parent, pas l’un sans l’autre ! On « est » famille parce qu’on « naît » ensemble. La famille est chargée de mystère parce que c’est « là qu’on naît », avant d’y grandir. Cette définition désigne la famille comme une matrice, un utérus collectif, d’où sortirait chacun de ses membres. Cet « utérisme » familial pose problème, même s’il est toujours un peu vrai. Deuxième définition : La famille est un groupe solidaire d’appartenance, composé de ceux qui vont devoir m’aider sans réfléchir ni calculer. On s’y serre les coudes dans une chaîne d’unions réciproques. Parfois l’ennemi sera tout ce qui est à l’extérieur, comme dans la parabole chauvine, incestuelle, de Le Pen (s’il faut choisir entre ma fille et ma cousine, je choisis…) qui inspire des dictatures paternalistes ! Cette réalité de solidarité se manifeste parfois bien utilement face au chômage ou aux catastrophes, et encore plus dans les sociétés sans sécurité sociale ou économique comme les sociétés sans État et sans droit. Elle montre que ce n’est pas en vain que nous appartenons à une famille, même s’il faudra en payer un prix en retour. Un inconvénient sera l’analogie de la famille avec une « maffia » ? Les maffias réelles étant des familles artificielles élargies. La famille, c’est ma maffia préférée, mais ai-je bien eu le choix ! Troisième définition : la famille, c’est ce qui est écrit sur les faire-part ; faire-part de naissance, de mariage ou de deuil ! Vous avez remarqué tous ces noms qui s’alignent, qui se succèdent dans un ordre calculé. Il faut lire ces annonces d’état civil, elles donnent des photos exactes des familles même si elles sont parfois mensongères. Ainsi, vous ne verrez pas écrit qu’ils sont contents d’être ensemble sur le même faire-part, alors que le testament les oppose ou que la naissance les mécontente. Vous ne verrez pas certains noms, oubliés, comme la dernière concubine du défunt ou les enfants d’un premier mariage. Peut-être faudra-t-il lire une deuxième annonce, publiée à part, ou lire entre les lignes ? Vous y verrez suggérés des absents, défunts soudain remémorés. La famille, c’est aussi cela, cette architecture juridique de vivants et de morts, de ceux qui sont reconnus – légitimes – et de ceux qui n’existent pas, officiellement du moins. 1Génération, solidarité, légitimité sont chacune des facettes de la famille. Dans les familles perturbées, ces facettes seront altérées. Constatons qu’elles s’appliquent dans la famille à trois sortes d’acteurs différents : les ascendants et descendants liés par la génération ; les alliés liés par le mariage ou le contrat ; les germains, frères ou sœurs liés par l’appartenance au groupe familial et à un ancêtre légitime commun. Là aussi, la confusion des places aura des effets perturbants. Extrait d'un article de Serge Vallon Les drivers ou messages contraignants peuvent nous permettent de comprendre ce qui nous freine lorsque nous sommes sous stress.
Cette compréhension nous conduit à mieux gérer les situations stressantes du quotidien. Un des messages contraignant est "Fais des efforts" comme le dit Sonia Dagotor. Le concept des drivers a été développé par Taïbi Kahler, psychologue américain et analyste transactionnel. Il cherchait à répertorier et à classer les signes extérieurs émis par la personne lorsque se trouve dans une situation qui provoque chez elle un stress qu'elle ne maîtrise pas facilement. Le Message contraignant (ce qui se passe à l’intérieur de la personne) est une sorte de slogan interne à une personne qui, comme une directive brutale, la bouscule dans sa façon de se comporter seule ou avec les autres, et face à ses objectifs. C’est un message qui est donné par les parents à leurs enfants. Leur but est positif. Il devient négatif quand il est pris au pied de la lettre et qu’avec ce slogan ou cette directive est véhiculé, en sous-entendu, un « sinon… ». Michaël Reddy, qui a travaillé avec Taïbi KAHLER ajoute que « ce sont des pressions internes que nous exerçons sur nous-mêmes pour nous contraindre à mobiliser une énergie d’un autre ordre que celle que nous utiliserions normalement dans les mêmes circonstances ». Ces messages, qui proviennent en fait de nos parents ou autres figures parentales, influencent et orientent toutes nos actions au quotidien. Ce sont comme des incantations qui ressurgissent de notre tendre enfance ... C'est comme si tout notre être était "poussé" de l'intérieur pour tout faire pour être à la hauteur de cet ordre reçu. « Les comportements liés aux messages contraignants limitent l’adaptabilité relationnelle » La personne ne se donne souvent pas le droit d’utiliser d’autres options comportementales et vit dans une sorte de carcan. Les Drivers et Messages Contraignants permettent de comprendre ce qui nous freine lorsque nous sommes sous stress. Cette compréhension nous conduit à mieux gérer les situations stressantes du quotidien. Dans les définitions lexicales, l’empathie apparaît comme un mot plutôt confus, apte à se mélanger ou, au moins, à se rapprocher d’autres pas entièrement synonymes. De tous ceux-là, le plus proche est la “ sympathie ” que Le Grand Robert définit comme “ affinité morale, similitude de sentiments entre deux ou plusieurs personnes ; (...) sentiment chaleureux et spontané qu’une personne éprouve pour une autre ; participation à la douleur d’autrui, ressentir tout ce qui touche autrui ”.
Pour ce même dictionnaire, l’empathie est la capacité de s’identifier à autrui, de ressentir ce qu’il ressent, de se mettre à la place de l’autre. Ressentir ce qu’il ressent, est-ce éloigné de participer à la douleur d’autrui et, plus encore, de ressentir tout ce qui le touche ? On remarque une différence, qui ira en s’accentuant, dans les définitions anglo-saxonnes, donnant une place plus importante à l’empathie. D’après Rycroft (1968), l’empathie est la capacité de projeter sa personnalité dans l’objet de contemplation, de se mettre dans la peau de l’autre, tout en restant conscient de sa propre identité. La capacité d’empathiser est une condition préalable nécessaire pour pratiquer la thérapie psychanalytique, ajoute Rycroft, opinion qu’il ne sera pas le seul à soutenir parmi les Anglo-Saxons, mais qu’il ne développe pas. Pour Lalande (1968), dans son Vocabulaire de la philosophie, la sympathie crée chez deux ou plusieurs individus des dispositions affectives analogues, peur, joie, indignation, chagrin. N’est-ce pas là « ressentir ce qui le touche », attribué ailleurs à l’empathie ? C’est aussi une communication intérieure de deux êtres par une sorte de « participation » directe due à une communauté de nature. N’est-ce pas être dans la peau de l’autre ? L’empathie ne figure pas dans cet ouvrage. Outre la parenté, la ressemblance presque (parfois tout à fait) à l’identique de l’empathie et de la sympathie, nous ne pouvons manquer de remarquer aussi la proximité – même la similitude – avec la définition de l’identification, proposée par Laplanche et Pontalis (1967) : le processus psychologique par lequel un sujet assimile un aspect, une propriété, un attribut de l’autre et se transforme, totalement ou partiellement, sur le modèle de celui-ci, devient identique à un autre. Autre proche parenté avec l’introjection, définie par ces mêmes auteurs dans un rapport étroit avec l’identification comme le processus par lequel le sujet fait passer, sur un mode fantasmatique, du « dehors » au « dedans » des objets et des qualités inhérentes à ces objets. Proche de l’incorporation, son prototype corporel, elle n’implique pourtant pas une référence à la limite du corps (introjection dans le moi, dans l’idéal du moi...) . Nous nous trouvons face à une sorte de nébuleuse terminologique qui comprend l’identification, l’introjection, l’incorporation, processus définis analytiquement, puis la sympathie qui relève plutôt du domaine de la philosophie et encore l’empathie dont les racines se trouvent dans l’esthétique. Extrait d'un article de Cairn info écrit par Claire Urtubey dans la revue française de psychanalyse. |
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