Inspiré par son expérience clinique et son travail en institution, l’analyste jungien Alain Valterio dénonce les dérives d’une société « psychologisée » à outrance, au point d’en avoir développé une véritable névrose. Il appelle cette nouvelle culture issue de la thérapie : la « psyrose ».
« Ce néologisme s’est imposé à moi en raison du fantasme qu’il fait miroiter : une vie sans blessure dont il faut profiter comme d’une friandise », écrit-il. Avec cet essai, il nous montre comment cette « psyrose » étend ses effets négatifs, exagérés et illusoires dans le monde de l’éducation, dans les rôles respectifs de la mère et du père. Dans ce livre polémique et décapant, l’auteur rappelle qu’une thérapie n’a pas pour but d’éradiquer toute souffrance, mais plutôt qu’elle permet d’apprendre à vivre avec… Un ouvrage qui aide à prendre du recul sur les discours psys dominants.
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Devenir soi. Tel est le but, l’enjeu. Pourquoi vouloir réaliser nos rêves, si ce n’est pour être en accord avec notre nature profonde et nos aspirations intimes ? Mais comment y parvenir et de quoi s’agit-il ? D’assouvir une envie ? De réaliser un fantasme ? D’aboutir un projet pas encore assumé ? De quel rêve parle-t-on et quel rapport entretient-il avec nos songes nocturnes!? La psychanalyse accorde une importance centrale à ce qu’elle nomme le désir, un concept auquel Gérard Bonnet et ses confrères viennent de consacrer un petit ouvrage, à la fois pointu du point de vue théorique et accessible à tous, Le Désir, l’objet qui nous fait vivre (Éditions In Press). Il y distingue « les désirs » – la somme de nos envies telles que nous pouvons les exprimer – et « le désir » inconscient auquel ces envies se rapportent. Ce désir-là « profite de toutes les occasions pour se faire entendre, cheminer, afin que le sujet parvienne à l’incarner dans des actions, un projet, une création, une manière de vivre, même si c’est toujours avec le sentiment que c’est fragile, que ce n’est jamais tout à fait ça ». Toute notre existence est ainsi tendue vers la recherche de cet « obscur objet de désir » qui alimente notre énergie motrice, mais nous demeure radicalement inaccessible. Les buts que nous poursuivons ne seront véritablement source de satisfaction et d’épanouissement que s’ils correspondent à cette énigme fondamentale. Or il n’est pas donné à tout le monde, observe Inès Weber, de réaliser ses choix « non pas en fonction de critères extérieurs – modèle de réussite standardisé, logique de sécurité économique, réponse aux attentes d’autrui – mais à partir d’une impulsion intérieure ». « Souvent, les femmes justifient leurs difficultés à accéder à des responsabilités élevées par leur refus de jouer le jeu politique, remarque Sophie Cadalen, psychanalyste et auteure des Femmes de pouvoir, des hommes comme les autres ? Cet argument masque parfois une peur de se mouiller, d’affirmer ses ambitions. Or, l’ambition, ce n’est pas tendre, pas gentil. Cela relève de cette position phallique qui consiste à brandir un désir impérieux. Chez la femme, c’est encore perçu comme impudique. On préfère la voir tournée vers les désirs des autres. » D’où cette pluie de critiques qui s’abat sur celles qui osent gravir les échelons, soupçonnées de jouer des coudes ou jugées sur leur apparence. « Celles qui sortent du lot renvoient chacun à ce qu’il s’autorise ou pas », analyse Sophie Cadalen. Mais, surtout, voir les femmes arriver aux commandes de la vie sociale « met en cause trop de choses, à commencer par nos identités sexuelles, qui se définissent l’une par rapport à l’autre », affirme la psychanalyste. Ce que les femmes gagnent, les hommes ont peur de le perdre. L’inceste n’épargne aucune classe sociale, comme en témoigne le sondage Harris Interactive pour l’Association Internationale des Victimes de l’Inceste (AIVI, devenu Face à l'inceste en 2021), rendu public en 2015 :
- 4 millions de Français sont ou ont été victimes d’inceste. - 2 enfants par classe en moyenne endurent ce crime familial à huit clos. - Seulement 10% des victimes se décident à faire éclater la vérité et à porter plainte contre le parent qui les a abusées. La quasi totalité des victimes ne dévoile jamais leur terrible secret. - 2% d’entre elles obtiennent réparation par une condamnation. Cette épreuve est traversée majoritairement par les femmes, comme le recense l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2014 : - 1 femme sur 5 et 1 homme sur 13 dans le monde déclare qu’il a été violenté sexuellement dans son enfance. - 1 victime sur 2 a subi les premières violences sexuelles avant 11 ans6. Et les conséquences sur la santé sont lourdes : - les victimes d’inceste ont environ 20 ans d’espérance de vie en moins7. - 36% des victimes ont une amnésie totale du viol pendant 15 ans8. - 82% des victimes déclarent avoir mal vécu le dépôt de plainte9. C’est l’aiguillon du temps, « la prise de conscience qu’il sera peut-être bientôt trop tard qui nous incite à agir malgré nos peurs, affirme le psychanalyste Jacques Arènes.
Éternels, nous remettrions sans cesse à plus tard le moment fatidique ». Mais l’envie pressante de passer à l’action et de cesser d’être à côté de sa vie ne suffit pas toujours. « Certains individus sont inhibés depuis si longtemps qu’ils ne savent plus comment s’y prendre », affirme le psychiatre Frédéric Fanget, auteur d’Où vas-tu ? Il s’agit par conséquent d’apprendre, par un travail personnel, à « débloquer le frein à main des pensées négatives » (« je suis trop nul ») et d’explorer les peurs qui nous maintiennent dans la passivité. Etty Buzyn, psychologue spécialisée dans la petite enfance déclare :
"On voit bien ici que l’imagination ne peut surgir que dans une frustration relative, dans un décalage entre le besoin et sa satisfaction. Si ses besoins étaient toujours satisfaits dans l’instant, le bébé n’aurait pas à mettre en place des solutions imaginaires. Combler un enfant trop rapidement revient donc à le priver de l’espace nécessaire pour expérimenter son désir, développer sa capacité à créer des représentations. A l’inverse, l’excès de frustration peut le plonger dans des abîmes de désespoir jusqu’à lui ôter l’envie de vivre." |
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