Dans les définitions lexicales, l’empathie apparaît comme un mot plutôt confus, apte à se mélanger ou, au moins, à se rapprocher d’autres pas entièrement synonymes. De tous ceux-là, le plus proche est la “ sympathie ” que Le Grand Robert définit comme “ affinité morale, similitude de sentiments entre deux ou plusieurs personnes ; (...) sentiment chaleureux et spontané qu’une personne éprouve pour une autre ; participation à la douleur d’autrui, ressentir tout ce qui touche autrui ”.
Pour ce même dictionnaire, l’empathie est la capacité de s’identifier à autrui, de ressentir ce qu’il ressent, de se mettre à la place de l’autre. Ressentir ce qu’il ressent, est-ce éloigné de participer à la douleur d’autrui et, plus encore, de ressentir tout ce qui le touche ? On remarque une différence, qui ira en s’accentuant, dans les définitions anglo-saxonnes, donnant une place plus importante à l’empathie. D’après Rycroft (1968), l’empathie est la capacité de projeter sa personnalité dans l’objet de contemplation, de se mettre dans la peau de l’autre, tout en restant conscient de sa propre identité. La capacité d’empathiser est une condition préalable nécessaire pour pratiquer la thérapie psychanalytique, ajoute Rycroft, opinion qu’il ne sera pas le seul à soutenir parmi les Anglo-Saxons, mais qu’il ne développe pas. Pour Lalande (1968), dans son Vocabulaire de la philosophie, la sympathie crée chez deux ou plusieurs individus des dispositions affectives analogues, peur, joie, indignation, chagrin. N’est-ce pas là « ressentir ce qui le touche », attribué ailleurs à l’empathie ? C’est aussi une communication intérieure de deux êtres par une sorte de « participation » directe due à une communauté de nature. N’est-ce pas être dans la peau de l’autre ? L’empathie ne figure pas dans cet ouvrage. Outre la parenté, la ressemblance presque (parfois tout à fait) à l’identique de l’empathie et de la sympathie, nous ne pouvons manquer de remarquer aussi la proximité – même la similitude – avec la définition de l’identification, proposée par Laplanche et Pontalis (1967) : le processus psychologique par lequel un sujet assimile un aspect, une propriété, un attribut de l’autre et se transforme, totalement ou partiellement, sur le modèle de celui-ci, devient identique à un autre. Autre proche parenté avec l’introjection, définie par ces mêmes auteurs dans un rapport étroit avec l’identification comme le processus par lequel le sujet fait passer, sur un mode fantasmatique, du « dehors » au « dedans » des objets et des qualités inhérentes à ces objets. Proche de l’incorporation, son prototype corporel, elle n’implique pourtant pas une référence à la limite du corps (introjection dans le moi, dans l’idéal du moi...) . Nous nous trouvons face à une sorte de nébuleuse terminologique qui comprend l’identification, l’introjection, l’incorporation, processus définis analytiquement, puis la sympathie qui relève plutôt du domaine de la philosophie et encore l’empathie dont les racines se trouvent dans l’esthétique. Extrait d'un article de Cairn info écrit par Claire Urtubey dans la revue française de psychanalyse.
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