"On voudrait être un baume versé sur tant de plaies. " Etty Hillesum, Une vie bouleversée, Points Seuil, 1995, p. 246. Le souhait ultime du journal d’Etty Hillesum nous arrive, par son existence même, comme un réconfort du fond de l’abîme. Au delà d’un constat sur l’existence du malheur, ce souhait témoigne à la fois d’une sensibilité à la souffrance et du souci d’y apporter soulagement. La compassion nous apparaît à travers ces quelques mots comme le souci d’autrui dans un monde blessé, comme un affect qui fait agir. Elle s’inscrit dans cette « dialectique de l’action et de l’affection », qui contribue, selon Ricœur, à définir l’éthique Paul Ricœur, Soi-même comme un autre (SMCA), Seuil, 1991,… Si la compassion peut être comptée au registre des affects moraux, il faut s’interroger sur les conditions qui la font passer de l’émotion à l’action. En poursuivant la tâche d’une « phénoménologie du soi affecté par l’autre que soi SMCA, p. 382.», l’attitude éthique que fait apparaître la compassion est la relation. Si la compassion est un affect, elle n’est pas simplement une passivité, elle est une capacité qui révèle des capacités : affect suscité par autrui, elle vise la relation, se met dans les actes. Cet affect nous met dans une proximité singulière avec la souffrance d’autrui – souffrance inatteignable.
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