Jetant le trouble sur une données expérimentale et des progrès opérés en neuro-imagerie, les études des émotions en neurologie longue période de rationalisme, certains de ces travaux nous ont même fait comprendre que l’émotion et la raison ne sont certainement pas des notions aussi opposées que ce que l’on pensait mais que, au contraire, l’émotion constitue une part essentielle des processus de raisonnement et de prise de décision. Ce regain d’intérêt pour l’émotion, concept à la fois complexe et aux frontières floues, a permis de décortiquer ses multiples composantes, objectives (changements physiologiques et corporels) ou subjectives (état de conscience corrélatif), ainsi que ses influences sur d’autres domaines cognitifs. Cet intérêt a également conduit à cerner les frontières des émotions par rapport à d’autres concepts – humeur, affect, sentiment, motivation… – si proches qu’ils sont souvent confondus et parfois employés comme synonymes; toutefois, sans pour autant être équivalents, ils exercent une influence mutuelle les uns sur les autres, l’émotion dépendant de l’humeur, la motivation dépendant de l’émotion… Enfin, ces travaux ont contribué à mieux comprendre les troubles affectifs. En effet, de même que certaines capacités cognitives telles que le langage, la mémoire ou la perception, certaines pathologies sont directement et essentiellement liées au dysfonctionnement ou à la lésion de régions cérébrales spécifiquement engagées dans les états affectifs, et un nombre grandissant de travaux en neuro-imagerie permettent d’en confirmer l’implication dans les comportements affectifs. Concept très vaste et souvent imprécis, l’émotion est à distinguer d’autres concepts plus ou moins proches et parfois employés de façon interchangeable. D’ailleurs, la notion d’émotion (du latin emovere, émouvoir, ébranler, idée de mouvement vers l’extérieur) s’est peu à peu dégagée de celle de passion qui désignait au XVIIe siècle à peu près tous les états affectifs. L’émotion est actuellement définie comme un état affectif intense – avec un début brutal et une durée relativement brève – lié à un objet repérable interne ou externe. L’émotion se manifeste par des modifications physiologiques, expressives et mentales (avec un effet motivateur ou perturbateur sur les activités cognitives) déclenchées automatiquement lorsque l’organisme est confronté à certains objets ou situations. Ce caractère brutal et lié à un objet particulier fait de l’émotion un concept assez facilement distinguable de celui d’humeur. L’humeur est un état affectif relativement stable et durable, bien que parfois fluctuant; elle n’est pas liée à un objet précis. Selon les croyances antiques, la personnalité, le tempérament d’un individu était dû à la présence en plus ou moins grande quantité d’une ou plusieurs des quatre principales humeurs (du latin humor, liquide) dans l’organisme. Par ailleurs, les émotions sont également souvent définies comme déclenchant une série d’actions pour préparer l’organisme à un comportement adapté (fuite, défense…). Dans une telle perspective, la frontière entre émotion et motivation n’est pas vraiment claire. Ces deux mécanismes affectifs se caractérisent par un comportement d’approche-évitement, allant de la résolution à rester dans une certaine situation jusqu’à abandonner celle-ci compte tenu des menaces et dangers qu’elle implique. Il faut néanmoins garder à l’esprit que tous ces états affectifs s’influencent mutuellement. Quant aux sentiments, s’ils se nourrissent des émotions et influencent leur déclenchement, ce sont des états affectifs durables, conscients, susceptibles de variations qualitatives. extrait de "Neurosciences et affects" par Bénédicte Giffard et Bernard le chevalier.
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