Pour Alice Miller, le refoulement est nécessaire pour les enfants
qui sont victimes de violences éducatives, quelle qu’en soit la forme (coups, négligence émotionnelle, amour conditionnel, violence psychologique…). Toutefois, le refoulement n’a plus de nécessité pour les adultes. En effet, un petit enfant est entièrement dépendant de ses parents et il ne peut pas faire autrement que les aimer et penser qu’ils ont forcément raison (notamment raison de le maltraiter parce que l’enfant est mauvais, parce que c’est dans son intérêt). Alice Miller affirme qu’exploiter cette dépendance, abuser de cette confiance, trahir et bafouer cet amour, et parer tout cela au nom de l’éducation, est un crime. L’enfant intériorise le discours de la pédagogie noire qui l’empêche de voir sa vérité même à l’âge adulte. C’est en effet douloureux de savoir qu’en réalité, on n’a pas mérité les maltraitances, que nos parents ne nous ont pas aimés comme ils auraient dû, que les maltraitances n’avaient pas de sens malgré la pseudo-justification morale ou religieuse et n’étaient jamais dans notre intérêt. Si le traumatisme était vécu consciemment, l’enfant en mourrait. Son organisme se protège par le refoulement de la douleur et des circonstances qui l’accompagnent. Il en reste le cycle infernal du refoulement : la véritable histoire, réprimée, enfouie dans le corps, provoque des symptômes afin d’être enfin reconnue et prise au sérieux. – Alice Miller Le problème est que personne n’informe les adultes que le savoir n’est pas mortel et qu’au contraire, la vérité les aiderait à recouvrer la santé. Le pardon ne supprime ni la souffrance ni la haine de soi-même qui sont les résultats de la maltraitance subie dans l’enfance. Le pardon l’enfouit de manière très dangereuse. L’exigence de pardon impose une souffrance supplémentaire à l’adulte déjà en souffrance, ce qui renforce les sentiments de culpabilité. Pardonner est un acte purement religieux et ne fait pas disparaître les actions destructrices ou autodestructrices . Sous la cloche de verre du pardon, les sentiments n’ont ni le droit ni la possibilité de s’exprimer librement. – Alice Miller
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