Elle est nécessaire à la construction psychique de l’enfant, affirme le pédopsychiatre Daniel Marcelli dans son dernier livre. À condition qu’elle respecte son intégrité et son intelligence, et que nous ne la confondions pas avec la soumission.
Dans une éducation qui prône l’épanouissement, l’obéissance a mauvaise presse. En partie parce qu’elle est injustement confondue avec la soumission. « Mais ça n’en est pas ! affirme le pédopsychiatre Daniel Marcelli. C’est une construction culturelle, qui demande aussi aux parents de se contrôler : comme leur enfant, ils sont en proie à des pulsions de toute-puissance qu’ils doivent contenir quand ils lui demandent d’obéir. C’est de ce mouvement de retenue que naît l’obéissance intelligente, basée sur le respect mutuel. L’enfant accepte alors de leur faire confiance, car il sent qu’ils ne le font pas pour jouir d’un pouvoir sans limites sur lui. » Contrairement à celle obtenue par la contrainte, la menace, l’humiliation ou encore le chantage affectif, l’obéissance intelligente fait appel à sa participation active. Quand et comment la mettre en place ? Les pistes de Daniel Marcelli. La question de l’obéissance se pose dès qu’un bébé commence à se déplacer, vers 1 an. Comment le faire obéir ? En lui permettant de toucher à tout ce qui n’est pas dangereux. C’est parce qu’il aura beaucoup d’autorisations qu’il acceptera d’être frustré de temps en temps. Prenons l’exemple de l’enfant qui vient de saisir un couteau. Si le parent limite les interdits, il demandera calmement : « Donne-moi ce couteau. » L’enfant qui n’est pas tenté par les transgressions le donnera sans problème. Car il sait que, si son père ou sa mère lui interdit de toucher cet objet, il doit y avoir une bonne raison, puisque, d’habitude, il a la permission d’explorer le monde. À l’autoritaire : « C’est comme ça, un point c’est tout ! » asséné aux tout-petits, ont succédé les longs discours explicatifs des parents désireux de respecter leur intelligence. L’intention est louable, mais elle n’atteint pas son objectif, car ces interminables justifications « insécurisent » l’enfant (si mon père et ma mère étaient convaincus de ce qu’ils disent, ils n’en rajouteraient pas autant). Reprenons l’exemple du couteau : dans l’obéissance intelligente, l’explication sur le danger devrait arriver après l’ordre de lâcher l’objet, et non avant. Pourquoi ? Parce que, dans cette expérience, parents et enfant sont respectés dans leurs rôles. Le plus jeune obéit tout en restant actif – c’est lui qui ouvre la main – et apprend quelque chose du monde. Et l’adulte est reconnu dans son autorité. Plus tard, vers 6-7 ans, le même mode de communication se poursuivra, tout en privilégiant une obéissance qui respecte la singularité de l’enfant et fait appel à sa réflexion. Un exemple : le parent pose clairement l’heure du coucher, en tenant compte du rythme particulier de son enfant. « C’est l’heure d’aller te coucher, mais comme tu es un petit dormeur, si tu n’as pas sommeil, tu peux lire une bande dessinée dans ton lit. » L’obéissance intelligente demande de réajuster en permanence ses exigences en fonction de l’âge de l’enfant, de faire preuve de souplesse. Ainsi celui-ci va-t-il, en grandissant, commencer à s’autoriser quelques écarts : rentrer cinq minutes plus tard que l’heure fixée par ses parents, regarder la télé avant de se mettre à ses devoirs... Comment réagir ? Par la bienveillance. Votre enfant fait ses devoirs après avoir joué aux jeux vidéo plutôt qu’avant, mais ses résultats n’en pâtissent pas ? Feindre de n’avoir rien vu s’avère la meilleure des attitudes... Ces petites transgressions l’aident à grandir, elles lui prouvent que ses parents ne sont pas tout-puissants, qu’il peut s’en affranchir un court moment sans danger. D’ailleurs, un enfant dont toutes les transgressions ont été sanctionnées et qui, de fait, n’a jamais pris le risque de s’affirmer, peut se trouver fort dépourvu à l’adolescence : il aura alors des difficultés pour résister à ses copains, pour décider ce qui est bon ou pas pour lui.
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