La Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention dite « d’Istanbul »), ratifiée par la France le 4 juillet 2014, définit les violences à l’égard des femmes comme « tous les actes de violence fondés sur le genre qui entraînent, ou sont susceptibles d’entraîner pour les femmes, des dommages ou souffrances de nature physique, sexuelle, psychologique ou économique ». De cette définition émergent deux points qu’il est nécessaire d’expliciter afin de mieux cerner le phénomène des violences faites aux femmes. Le premier est que ces violences peuvent prendre de multiples formes. Elles sont physiques, sexuelles, verbales, psychologiques, économiques. Elles peuvent également être distinguées selon la sphère de vie au sein de laquelle elles ont lieu (privée, publique, professionnelle, scolaire, universitaire, etc.) et selon l’auteur (conjoint ou ex-conjoint, membre de la famille, collègue de travail, cercle amical, etc.). Le second point est que ces diverses manifestations de la violence à l’égard des femmes reposent sur un socle commun. En effet, qu’il s’agisse des violences conjugales, des violences sexuelles, du harcèlement sexuel ou encore des différentes formes de contraintes que l’on fait peser sur la sexualité des femmes (mutilations sexuelles féminines, mariages forcés, etc.), ces violences sont perpétrées contre des femmes précisément parce qu’elles sont des femmes et ne prennent sens que lorsqu’elles sont replacées dans un contexte plus large d’inégalités entre les hommes et les femmes. La déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes adoptée par l’Assemblée générale de l’Onu le 20 décembre 1993 établit que « la violence à l’égard des femmes traduit des rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes, lesquels ont abouti à la domination et à la discrimination exercées par les premiers et freiné la promotion des secondes, et […] compte parmi les principaux mécanismes sociaux auxquels est due la subordination des femmes aux hommes ». Les violences faites aux femmes ne relèvent donc pas seulement d’une interaction particulière entre deux personnes, elles s’inscrivent dans un contexte plus large d’inégalités entre les femmes et les hommes, qui en sont la cause et qu’elles participent à maintenir. Les violences faites aux femmes sont également une violence de la société tout entière, qui commence par la tolérance à l’égard des agressions et des propos sexistes. C’est pourquoi la lutte contre ces violences s’inscrit aujourd’hui dans une politique de promotion de l’égalité et de lutte contre les préjugés sexistes dans tous les domaines de la société. extrait d'une publication de Sophie Simon, "Violences faites aux femmes : définitions, principaux chiffres et politiques publiques de lutte" dans les tribunes de la santé 2014. Les filles en rose, les garçons en bleu… Au-delà de cet étiquetage symbolique, les clichés font des ravages parmi les deux sexes. Les schémas de genre contribuent à modeler des comportements jugés innés, mais qui constituent autant de normes sociales pour les tout-petits, puis pour les adultes qu’ils vont devenir… Les stéréotypes de genre sont la croyance que certaines aptitudes ou certains traits de personnalité spécifiques aux garçons d’une part, aux filles d’autre part, seraient présents dès la naissance. Avec, comme corollaire, l’idée que le matériel génétique conditionne les uns et les autres à assurer certains rôles dans la société, selon qu’on est né mâle ou femelle. « Parmi ces idées reçues, toujours fermement ancrées dans les inconscients collectifs : les femmes seraient naturellement multitâches, sensibles, empathiques mais incapables de lire une carte routière, tandis que les hommes seraient bons en maths, un peu bagarreurs et attirés par la compétition », énumère Catherine Vidal, neurobiologiste et directrice de recherches honoraire à l’Institut Pasteur, membre du comité d’éthique de l’Inserm et co-responsable du groupe Genre et Recherche en santé*. Ces stéréotypes se profilent et se modèlent avant même la naissance, via les projections des adultes sur le sexe de leur enfant. « Si le ventre pointe en avant, si le bébé bouge beaucoup, on évoquera plutôt un garçon », illustre Christine Détrez, professeure de sociologie à l’ENS Lyon et spécialiste des questions de genre.** Ces codages arbitraires du comportement « genré » se poursuivent face aux tout-petits. « Lors d’expériences américaines, les « Baby X Studies », on a montré à des adultes des séquences comportementales au cours desquelles des bébés, catalogués « filles » ou « garçons », étaient confrontés à différents jouets dont certains les faisaient pleurer, raconte Pascale Molinier, professeure de psychologie sociale à Paris XIII - Villetaneuse. Il a été constaté que les pleurs étaient plus souvent interprétés comme de la peur lorsque le bébé était déclaré « fille » et plus souvent comme de la colère pour un « garçon ». Les études prouvent que dès l’âge de deux ans, les normes de comportement s’imposent aux bambins des deux sexes : « On ne se tient pas comme ça quand on est une fille » ou « tu es un garçon, il ne faut pas que tu pleures ». Un carcan renforcé par une offre culturelle qui constitue une autoroute à stéréotypes. « Avant même qu’ils sachent lire, petites filles et petits garçons sont bombardés de schémas hyper genrés, au travers non seulement du décor de leur chambre ou de leurs vêtements, mais aussi des films, des dessins animés, des catalogues de jouets ou de la littérature jeunesse », note Catherine Vidal. Et ce, à un double niveau. D’une part, la différenciation. Les filles doivent toutes être soignées, douces, discrètes et aimantes. Tandis que les garçons sont représentés comme de petits costauds touche-à-tout, programmés pour se dépasser, physiquement et psychologiquement, et de gagner. D’autre part, la hiérarchisation. « L’âge adulte ne fera que confirmer ce qui se profile déjà dès la petite enfance, à savoir que la société reconnaît davantage les professions de leaders que les métiers du soin et de l’entraide », regrette Catherine Vidal. Devant cet enjeu sociétal indéniable qu’est la question du genre, comment lutter contre ces stéréotypes ? « La question est d’autant plus délicate que ces interprétations qui participent au façonnage du genre se font, le plus souvent, à l’insu des adultes, eux-mêmes socialisés dans ces rapports sexués », remarque Pascale Molinier. Piliers de cette démarche, les acquis des neurosciences qui, ces vingt dernières années, ont révolutionné notre connaissance du cerveau humain. Et ce, notamment grâce aux nouvelles techniques de l’imagerie cérébrale, qui ont permis de mieux comprendre comment se développe la matière grise des enfants, ainsi que les mécanismes de l’apprentissage. Les études ont mis en évidence le rôle majeur de l’environnement social et culturel dans la construction du cerveau : c’est la plasticité cérébrale. C’est aussi grâce aux neurosciences que l’on sait aujourd’hui que la détermination « biologique » à être un homme ou une femme est extrêmement limitée à la base. « Les principales fonctions du cerveau qui diffèrent chez les garçons et les filles sont celles qui contrôlent les fonctions de reproduction, informe Catherine Vidal. Mais si l’on s’intéresse aux fonctions cognitives (intelligence, capacités de raisonnement, de mémoire, d’attention, de repérage dans l’espace…), les études montrent que chez les 0-3 ans, filles et garçons ont les mêmes aptitudes ! ». Des capacités innées qui seront ensuite modelées par l’environnement. Beaucoup de travaux ont en effet montré que l’entourage n’a pas les mêmes attitudes selon que l’on s’adresse à des bébés ou filles. Les premiers faisant l’objet de davantage d’interactions physiques, les secondes de communication verbale : on leur parle plus, on leur chante des chansons... « Et si les filles expriment davantage leurs émotions que les garçons, c’est avant tout un phénomène social et culturel, toujours à cause de ce clivage sur ce que doit être le masculin et ce que doit être le féminin », estime Catherine Vidal. Article rédigé par : Catherine Piraud-Rouet Cette semaine, deux vieilles dames sont tombées. L’une s’était aidée de la nappe pour se lever de table. Mais la toile cirée a glissé, lentement, jusqu’au point où la dame est tombée, tenant la nappe toujours à la main. Elle a appelé et attendu longtemps qu’on la trouve et l’aide à se relever. L’autre s’est retournée un peu vite, le lait qui bout vous savez. Mouvement brutal des yeux, rapide du haut du corps, les bras se tendent alors que les pieds, plus lents, traînent puis butent. Sans faire d’imprudence, elles sont tombées. De ces dangers quotidiens, pas exactement ceux-ci, mais d’autres, voisins, je leur avais pourtant, il n’y a pas bien longtemps, parlé. Nous avions parlé de ces vieilles habitudes : monter sur le tabouret pour atteindre le haut de l’armoire, ne pas vouloir se séparer de cette descente de lit qui glisse et fait des plis, mais permet aux pieds nus de se poser à terre au réveil les matins d’hiver. Elles m’avaient écouté, gentiment comme on dit, sans que rien n’en soit tout d’abord changé. Il avait fallu y revenir, plusieurs fois me répéter. Nous avions parlé de ces petites imprudences et de ces graves dangers liés à la vie même et au temps qui passe, liées à ce décalage entre ce qu’on pense encore être, ce qu’on voudrait tellement encore pouvoir; et ce qu’on est et peut. Parlé encore de cette expérience de soi, sédimentée par des années de vie, de ces possibilités physiques et psychiques qu’on n’arrive pas à quitter, de la tristesse enfin de se voir si vieux, de sentir ses possibles se restreindre d’année en année. Difficile alors de se passer de ce dernier étage de l’armoire que l’on a toujours utilisé. Douloureux de quitter ce tapis qui vous accompagne depuis des années, a connu le temps où le mari était encore vivant. Comment accepter cela sans souffrance, sans révolte, sans combat ? Alors parfois, moitié par habitude moitié par bravade, on grimpe sur le tabouret. Et les deux vieilles dames sont tombées, une sur le dos, l’autre sur le côté. Ah, sûr, quatre ans plus tôt elles auraient pu se rattraper, se rééquilibrer. Sans doute même, dans ce moment qui précède la chute, dans l’instant où l’on perçoit le déséquilibre sans croire à ses conséquences, pensaient-elles encore l’éviter. Rien à faire, elles sont tombées. Ce qui quatre ans auparavant n’était pas imprudence, le voilà devenu insensiblement danger. Ce refus d’actualisation face à une vie où les possibles se restreignent n’est-il pas comprendre selon la formule de Merleau Ponty comme « ancien présent qui ne se décide pas à devenir passé » . Ancienne présence au monde où un petit déséquilibre est spontanément corrigé, où la vacillation autour du point de gravité fait partie de la vie. Anciens plaisirs qui ne se décident pas à devenir passés : plaisir d’être en hauteur et plaisir de la glissade hérités de l’enfance. Mais cette semaine, les deux vieilles dames sont tombées. Je les ai examinées, elles avaient mal, et j’ai fait effectuer des radios. Ça casse tellement vite à cet âge là, les os. C’est bien simple, une fois sur deux, c’est cassé. On en a pourtant fait des chutes dans cette satanée vie, et globalement ce qu’on expérimente de la chute, de la « petite chute » chez soi, c’est que ça ne casse pas. Eh bien là encore, cet ancien présent nous trompe et doit être dépassé. Rien de cassé heureusement cette fois-ci, ni chez l’une, ni chez l’autre. Et pourtant toutes les deux vont me demander d’être hospitalisées ! Extrait d'un écrit de Guy Even "La chute chez le vieillard. Le médecin et ses malades". L’insomnie, qui constitue le trouble du sommeil le plus fréquent chez l’adulte, représente un problème de santé publique en augmentation croissante et comporte un risque de chronicisation majeur (de Koninck et Godbout, 1985 ; Ohayon, 1996 ; Ohayon et Bousquet, 1997 ; Touchon et coll., 1997 ; Dollander, 2002b). Près d’un Français sur cinq se déclare insatisfait de la quantité ou de la qualité de son sommeil, ou affirme consommer des somnifères (Ohayon, 1996). Ohayon et Bousquet (1997) rapportent en outre qu’un tiers des sujets souffrant d’insomnie en sont affectés depuis plus de cinq ans. D’un point de vue psychologique, l’insomnie traduit une difficulté du sujet adulte à prendre de la distance avec les tensions qui peuplent son monde externe, et avec les conflictualités intrapsychiques que ces tensions et angoisses suscitent. Extrait d'un écrit de Marianne Dollander et Audrey Lenoir. |
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