Si on ne comprend pas son histoire et dans quoi elle s’inscrit, on n’est pas libre.
On ne fait que répéter ou faire le contraire de ce que les gens ont fait ou demandé. Maison se retrouve alors dans une situation paradoxale, parce que si mes enfants font le contraire de ce que j’ai fait et si je fais le contraire de ce qu’ont fait mes parents, je fais donc la même chose que mes grands-parents. Donc, où est la liberté ? Je pense que le travail que nous faisons, c’est effectivement de « nettoyer son arbre généalogique » et de choisir de répéter ou de ne pas répéter. Mais il est très difficile de faire autre chose – ou strictement l’inverse. Donc on n’est pas libre non plus. Il y a quand même une distanciation qui évite la répétition. C’est donc finalement la question de la liberté par rapport à la façon dont l’histoire est agissante en soi. Et la façon dont l’histoire agit en soi, ce ne sont pas uniquement des répétitions dans la mesure où le contexte socio-historique est en permanence en train de changer, les mêmes choses ne produisent pas les mêmes effets. One ne peut pas se baigner dans la même eau du fleuve. Ce ne sont pas des répétitions simples. Ce sont des mécanismes où l’on retrouve des éléments de répétition, mais qui peuvent être aussi instruments de transformation de quelque chose. Dire cela en termes de répétition, on a parfois le sentiment que ce serait les répétitions simples, qui se répètent exactement sous la même forme, de la m^me façon structurelle. Alors qu’il semble que ces répétitions, on les voit bien à l’œuvre, mais elles ne produisent pas le même chose d’une certaine façon. Il y a les répétitions conscientes intergénérationnelles. On est boulanger de père en fils, ou médecin ou autre . C’est une répétition autant qu’une reproduction de schéma et de rôle ; il y a des répétitions inconscientes transgénérationnelles, des choses qu’on véhicule de son histoire sans savoir qu’n les véhicule. On les répète surtout quand elles sont difficiles, jusqu’à ce qu’elles soient travaillées, éclaircies. Il est délicat d’employer le même terme pour ces deux processus qui sont un peu différents. Etre boulanger de père en fils, pour un sociologue, c’est une reproduction plus qu’une répétition. Ce n’est pas exactement le même type de problématique. Mais je me pose d’autres problèmes. On peut choisir d’accepter un poste ou pas, d’épouser quelqu’un ou pas. C’est quelque chose qu’on peut ne pas répéter ou pas. On ne choisit pas consciemment d’avoir sa maison brûlée. Encore qu’on se mette peut-être dans la situation. Ce qui interroge, c’est ce qui arrive, quand la part du hasard est très importante et les choix humains minimes ou invisibles, dans les accidents mortels. …. J’ai rassemblé des douzaines d’histoires faisant comme intervenir le monde extérieur, sans que l’on comprenne sa part de responsabilité dans ce qui arrive de tragique ou d’agréable parfois. Cela me pose problème. Face à certains cas cliniques, je me sens coincée, car il n’y a rien, dans la science actuelle, officielle, qui permette de l’expliquer, puisqu’il s’agit de relations avec le monde extérieur à soi. … / … Il y a bien trop de cas cliniques. Il y a des morts violentes. Et je ne me l’explique pas, je ne l’explique pas, simplement (mais rien n’est simple dans ce domaine) je le constate et le décris." Extrait du livre le plaisir de vivre de Anne Ancelin Schützenberger page 92
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