Voici un extrait d'un article de Anne Laure Gannac publié le 6 novembre 2009 Nous en avons parfois peur, car elle est la plus difficile à nommer et à identifier . Selon la psychothérapeute Catherine Aimelet-Périssol, auteure de Quand les crocodiles s’emmêlent (Pocket, “Évolution”, 2007) et de Mon corps le sait avec Sylvie Alexandre (Robert Laffont, 2008), la tristesse intervient quand la peur et la colère n’ont pas « fonctionné ». À l’âge où il convient d’être « sociable », pleurer n’est plus acceptable : nous avons envie de réjouissance, de pensée positive ou, du moins, de matière à discuter, et la tristesse ne se prête pas à ce jeu. Elle est donc condamnée à se taire. À travers elle, c’est la menace de la dépression qui effraie. Or, tandis que la dépression est une maladie, la tristesse est une émotion indispensable. Par le repli sur soi qu’elle impose, elle invite à se protéger de ce qui nous a « agressé », et même à s’en « défendre », en faisant appel à la compassion d’autrui. Elle donne aussi l’occasion de se recentrer, de s’interroger sur ce qui nous blesse et, surtout, sur ce qui nous manque. Un deuil, une séparation, , la sensation d’être exclu (le manque de lien) : la tristesse est toujours l’expression de l’absence. La consolation vient du temps, des autres et de soi-même. À condition d’écouter ce chagrin, pour tenter de percevoir ce qu’il cache : une colère non exprimée, une peur non avouée, une blessure ancienne non résolue et ravivée ? Puis de le laisser s’exprimer. Par les larmes qui nous apaisent. Et par les mots, ou bien, à défaut de les trouver, par des voies détournées : jouer, écrire, peindre, chanter sa tristesse pour en « faire quelque chose » et éviter que la souffrance se fige en nous. Voici le témoignage de la transformation de l'émotion tristesse en une force différente. Cinéaste et écrivaine, Catherine Breillat publie Abus de faiblesse (Fayard). Un roman librement inspiré de sa « triste » relation avec Christophe Rocancourt. « Je connais la tristesse depuis que je suis toute petite. Quand j’avais 10 ans, j’écrivais, sur la page de garde de tous mes livres, cette phrase de Cocteau : “La vie est une chute horizontale.” C’est un secret que j’ai longtemps soigneusement gardé parce que je suis très orgueilleuse et que je ne supporte pas l’idée de faire pitié. J’avais fini par l’enfouir au fond de moi, le nier. Puis j’ai rencontré Christophe Rocancourt et j’ai eu l’impression qu’il avait vu clair en moi, qu’il avait décelé cette mélancolie que je refusais de m’avouer. J’ai fait un transfert sur lui et il en a profité outrageusement. Écrire, raconter une histoire à partir de cela m’a permis de mettre des mots sur ce qui m’était arrivé. Jusque-là, je pleurais sans comprendre comment j’avais pu me faire avoir. Aujourd’hui, je sais, je connais, j’accepte ma tristesse. Elle est orageuse, noire, arrogante et pure comme une épée de cristal avec laquelle je crée et pourfends mes adversaires. » Propos recueillis par Hélène Fresnel
1 Comment
Joëlle
9/6/2020 08:48:33 am
Merci merci pour ces mots...sur mes maux ...souvent dans la tristesse, sans savoir comment l’apprivoiser... grâce à ce beau partage, j’avance pour exprimer mes peurs ou mes colères avant que la tristesse ne m’envahisse de nouveau .... 🙏🙏🙏🙏🙏🧚♀️🌟💓💓💓💓💓💭💭💭💭💭🐢
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AuteurElisabeth BAZIN, Archives
February 2025
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