L’insomnie, qui constitue le trouble du sommeil le plus fréquent chez l’adulte, représente un problème de santé publique en augmentation croissante et comporte un risque de chronicisation majeur (de Koninck et Godbout, 1985 ; Ohayon, 1996 ; Ohayon et Bousquet, 1997 ; Touchon et coll., 1997 ; Dollander, 2002b). Près d’un Français sur cinq se déclare insatisfait de la quantité ou de la qualité de son sommeil, ou affirme consommer des somnifères (Ohayon, 1996). Ohayon et Bousquet (1997) rapportent en outre qu’un tiers des sujets souffrant d’insomnie en sont affectés depuis plus de cinq ans. D’un point de vue psychologique, l’insomnie traduit une difficulté du sujet adulte à prendre de la distance avec les tensions qui peuplent son monde externe, et avec les conflictualités intrapsychiques que ces tensions et angoisses suscitent. Extrait d'un écrit de Marianne Dollander et Audrey Lenoir.
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C'est au cours des années 1980 que le terme parentalité passe dans le langage courant et se trouve de plus en plus employé dans les médias, mais aussi dans les discours politiques. On peut avoir alors l’impression que ce néologisme appelé à un grand succès s’est élaboré dans ces moments-là, pour désigner la nouvelle importance accordée aux relations parents-enfant et à ce qui fait la spécificité de la relation parentale. Il vient opportunément relayer le terme à la fois trop précis et trop connoté de fonction parentale. Sans doute un tel succès tient-il à l’évidence trompeuse sur laquelle ce terme semble s’appuyer. L’adjonction du suffixe ité à « parental » permet d’en désigner une « nouvelle » dimension, qui serait à distinguer de la parenté. Cette construction de néologisme tente de répondre à un besoin de désignation d’une réalité de la relation parents-enfant non encore véritablement construite, mais sa mise en phase avec le sens commun occulte ses utilisations antérieures, et le fait qu’aucune définition qui fasse consensus dans le milieu scientifique n’ait jusque-là été produite. C’est l’époque où est introduit le terme monoparentalité pour désigner ces situations où l’enfant est élevé par un seul de ses parents de façon quotidienne, alors que l’autre, la plupart du temps toujours présent, ne le voit plus qu’épisodiquement. C’est aussi l’époque où le terme se répand dans les écrits pour désigner toutes sortes de situations parentales : beau-parentalité, grand-parentalité, homoparentalité, autrement dit, pluriparentalité. À partir de ce moment-là, de nombreux livres vont y faire référence dans leur titre même : les premiers qui remettent ce terme à l’honneur se situent plutôt du côté des sciences sociales et de l’action sociale. En 1986, la revue Actions et recherches sociales emploie le terme pour évoquer « La famille instable : parentalité, conjugalité, sociabilité familiale aujourd’hui ; en 1990 Vincent de Gaulejac et Nicole Aubert parlent de la « parentalité solitaire » ; en 1991 paraissent les Actes des journées sur le placement familial, qui évoquent « la parentalité dans le soin à l’enfant déplacé ». Le nouvel intérêt social pour la notion de parentalité se trouve impulsé par cette approche sociologique, à la suite des travaux sur les mutations familiales, notamment ceux initiés par la CNAF sur « les familles monoparentales ». Mais la problématique va être rapidement réinvestie par les approches plus psy, qui mettent en avant leur utilisation antérieure, beaucoup plus spécialisée, du terme. Ce qui va contribuer à accentuer son audience auprès de l’action sociale. L’intérêt qu’y portent les politiques publiques dès le milieu des années 1990 se traduit par la tentative d’utiliser ces deux approches, apparemment peu conciliables, dans une perspective gestionnaire. En tout cas, de 1999 à 2002 paraissent pas moins de dix-huit livres qui nomment la parentalité. Le terme est désormais acquis et voit se multiplier les ouvrages qui l’utilisent sans trop de précautions dans une perspective opérationnelle. Parentalité en question, en tensions, sans violence, efficace, ouverte à l’action éducative, à la pédagogie et la culture d’elle-même…, le pli est pris. L’action sur et à travers la parentalité est à l’ordre du jour, et se multiplient les colloques et les journées de formation centrés sur le soutien et l’accompagnement à la parentalité. Dans le grand public, l’usage se répand pour désigner vaguement quelque chose qui serait de l’ordre de la condition parentale , l’art d’être parent en quelque sorte, mais des dissonances se font parfois entendre dans les médias, notamment lorsque ceux-ci sacrifient à leur tendance à légitimer leurs discours par des références à des travaux considérés comme scientifiques. La science, en effet, est devenue le grand référentiel des sociétés démocratiques, ayant supplanté le référentiel religieux, voire le référentiel moral, sans être à l’abri pour autant de certains « retours du refoulé » plus ou moins fortement dramatiques, comme on a pu l’apprécier récemment avec la « Manif pour tous », les virulentes dénonciations des méfaits supposés d’une pseudo-théorie du genre à l’école, et, surtout, le massacre perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo… Les médias, donc, tiennent à donner à leur discours, lorsqu’ils le peuvent, le vernis d’une supposée caution scientifique, en interrogeant les multiples représentants des sciences humaines et sociales sur des sujets mettant en jeu la parentalité. Et paradoxalement, c’est là que les choses semblent s’obscurcir, car vous, nous, ils, représentants desdites sciences, n’emploient pas ce mot au hasard mais selon les codes et les jalons des disciplines dont chacun se réclame. Si se dégage parfois de ces confrontations une impression de confusion, c’est qu’au gré des divergences inter et intradisciplinaires d’interprétation, peuvent se manifester des contradictions, incompréhensions ou désaccords. La raison en est simple, c’est que la notion de parentalité a déjà une longue histoire traversant plusieurs disciplines, et chaque nouvelle appréhension a apporté un éclairage nouveau, spécifiant une approche, et se superposant aux plus anciennes. S’est ainsi opérée une espèce de sédimentation d’appréhensions différentes du terme, qui peuvent dans le discours public être sollicitées à tour de rôle ou parfois toutes ensemble, ou être, au contraire, ignorées, lorsque le propos veut se situer au niveau le plus prosaïque de l’expérience parentale. Extrait d'un écrit de Gérard Neyrand dans le livre "Dis Gérard, c'est quoi, la parentalité ?" Le conformisme (cum : avec, forma : apparence) implique de tendre vers une même forme avec d’autres. Il constitue la caractéristique de ce qu’on appelle la « majorité silencieuse » propre à accepter tous les gouvernements même les pires. Cette majorité n’est pas nécessairement muselée par la terreur, c’est le plus souvent au nom de ses intérêts immédiats qu’elle se conforme et agit dans le sens où on lui dit d’aller. Le conformisme se rapproche sans se confondre de la simple imitation voire de l’identification et tend à l’aliénation. Si l’on va du côté de l’imitation, il s’agit alors d’un trait qui concerne l’aspect extérieur d’un comportement et qui ne dit rien en soi de l’intérieur, des convictions ou même des opinions d’une personne. Aussi le conformiste peut-il être parfaitement hypocrite – le personnage de Tartuffe dans Molière en est le modèle – c’est-à-dire que derrière son attitude extérieure conforme, il n’en pense pas moins et agit à sa guise, quand toutefois il peut se dissimuler. Mais le véritable conformiste veut être semblable et c’est en cela qu’il y est davantage question d’identification. Il rejette ce qu’il pressent en lui-même de possiblement coupable ou non conforme et s’empresse de donner des gages de bonne conduite. Il ne ressent de fait en aucune manière qu’on l’y contraint, c’est lui qui le désire, voire qui s’angoisse si la ressemblance n’est pas suffisante. Aussi a-t-il besoin d’aller plus loin que la simple imitation quant aux manières et aux propos car il lui faut s’assurer de la conformité de sa pensée, de ses opinions et de ses goûts. Un cran au-delà, le sujet n’a même plus le sentiment de se conformer. Il sait spontanément ce qui est bon ou mauvais et agit conformément à ce qu’il pense être ses propres valeurs en toute inconscience du fait qu’elles lui ont été inculquées. Il va sans dire qu’aucune remise en question n’est alors possible. Il est alors aliéné. On ne peut cependant se focaliser uniquement sur celui qui se conforme et c’est aussi celui auquel on se conforme – individu leader ou groupe – de même que les motifs pour lesquels on se conforme qu’il faut envisager. Et de même, les « bénéfices » du conformisme doivent être pris en considération faute de quoi on risquerait de confondre le souci de bienséance avec la soumission à l’autorité. Dans le conformisme extérieur, le sujet agit par complaisance ou politesse, pour ne pas choquer, c’est par exemple le fait de se conformer à un rituel que l’on peut ou non partager mais que l’on va imiter par politesse. Soit parce qu’il aurait honte devant les autres de ne pas leur ressembler, soit parce que sa conformité lui apparaitrait comme pathologique, bizarre, il va faire en sorte de ne dépasser du rang. Le bénéfice attendu est l’approbation du groupe, ou celle de l’autre, mais chacun conserve son droit de penser librement. Mais cette relation n’est pas une relation libre, il s’agit d’une ressemblance obligée qui va s’établir aux dépens de la personne. Lorsque cette relation de ressemblance tend vers une identité et que le conformiste cherche à se confondre avec ceux auxquels il se conforme, on est dans une autre dimension qui est interprétable à partir de la notion d’identification et par exemple un certain conformisme fait partie du processus de subjectivation chez l’enfant et l’adolescent qui veulent ressembler aux autres de leur groupe d’âge. Dans le conformisme par identification, le bénéfice attendu n’est pas l’estime mais l’amour. Le sujet s’identifie à son objet d’amour mais attend que l’objet d’amour lui sache gré de cette identification et l’aime en retour. La gloire narcissique de celui auquel on s’est identifié est supposée s’accroître d’autant. De ce fait, celui qui s’identifie profite de cet accroissement de gloire qu’il partage. Dans le cas de l’identification à un groupe, le sujet en attend une identité en retour. De ce fait, même s’il se trouve en dehors du groupe, il va manifester fortement les caractéristiques identitaires du groupe. Lorsque l’objet d’identification est hautement valorisé, le sujet en intériorise la forme à un point tel qu’il est devenu totalement inconscient d’une quelconque distance à son modèle. Le bénéfice attendu pour le sujet, c’est l’identité, une identité aliénée mais de cela il n’est pas conscient. Ecrits tirés du travail de Sophie De Mijolla-Mellor dans "le conformisme en politique, dans l'éducation et en psychanalyse." L’engagement dans sa destinée sociale éveille chez l’individu des attentes relationnelles : certaines sont bien satisfaites, d’autres le sont moins ou pas du tout. Avec bonne volonté ou contraints par les autres (proches et lointains), ces individus se sont donc préparés à accomplir leur destinée sociale. Cet engagement a éveillé en eux des attentes relationnelles, définies par la culture ambiante : ils ont poursuivi des finalités dans leurs relations sociales et, en échange de leur contribution, ils ont espéré des rétributions : de la reconnaissance sociale surtout, mais aussi de l’épanouissement personnel. Celles qu’ils ont obtenues n’ont pas toujours été à la hauteur de leurs espérances, mais surtout, en se préparant à leur destinée, ils ont été amenés à pratiquer d’autres relations, souvent dues au hasard, qui ont fait naître en eux des attentes nouvelles. Ce sont ces deux attentes : la reconnaissance sociale et l’épanouissement personnel. Extrait d un écrit de Guy Bajoit dans " Les attentes relationnelles". La légende est aussi ce qui se constitue en psychothérapie. Le patient croit qu’il travaille sur son enfance, mais il exprime seulement la légende qu’il s’est formée de ses origines. La psychothérapie consiste en fait à s’édifier, dans ce laboratoire artificiel de la cure, une légende, plus satisfaisante à ce moment de son parcours, de la prochaine économie de son existence. Ce faisant, il se pose comme sujet de lui-même et de sa destinée, ce qui n’est pas le cas lorsqu’il obéit à des prescriptions — celle de la vengeance par exemple, qui est reproduction en miroir d’une figure préalable dont le patient lui-même, sa famille ou son clan ont été victimes... Mais le réel dans toute sa violence fait sans cesse irruption, mais l’acte prévaut sur la réflexion et parler de travail dans l’imaginaire peut sembler hors de propos ou déplacé dans ce monde d’oppositions : Nous/ les autres (il faudrait dire les aliens) ; Nous les victimes innocentes/eux les bourreaux ; Nous dans la Vérité/eux dans le mensonge délibéré ; Nous les bons/eux les démoniaques. La violence est telle qu’elle fait violence à nos réactions qui, spontanément, ne répondent généralement que dans la violence de l’affrontement. Soit l’on tente d’être le plus fort, c’est la contre-violence, soit l’on se soumet à la violence de l’autre ; les deux solutions démontrent ainsi la puissance et la suprématie de la violence. En effet dans les deux cas, elle est victorieuse, elle a réussi à transformer le monde à son image, elle l’a marqué de son sceau, c’est comme l’on dit le règne de la violence. Est-il encore possible d’introduire du trois dans ce monde binaire de violence ? L’imaginaire peut-il être unificateur ? Extraits du livre de Jean Pierre Klein, "l'imaginaire unificateur ? A propos du livre Histoire de l'autre. |
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